Portrait d’une acéricultrice passionnée : Christine Côté
Avec cette rubrique, CDL tient à mettre de l’avant le parcours de femmes inspirantes pour qui l’acériculture coule dans leurs veines. Dans cet article de la série, nous vous présentons Christine Côté de l’Érablière Côté Sucré à Coin-du-Banc, en Gaspésie.
Le parcours de Christine Côté est tout sauf banal. Comme Obélix, elle est tombée dans la potion magique de l’agriculture dès son enfance. Comment une petite fille de l’Ange-Gardien en Montérégie, née en milieu avicole, finit par créer une belle érablière moderne, celle la plus à l’Est du Québec, dans les montagnes de Val d’Espoir à Coin-du-Banc près de Percé, avec vue sur la mer?
« Toute petite, j’étais tranquille et je suivais mes parents sur la ferme avicole sur laquelle nous produisions des poulets de chair et des œufs d’incubation. Il régnait un très bel esprit familial dans l’entreprise de 80 employés. J’ai participé à tout, même toute petite. Comme mes parents tenaient à ce qu’on fasse nos études, j’ai fait un bac en psychologie. Cependant, j’ai toujours eu un pied dans l’entreprise même pendant mes études.»
« Je ne pensais pas prendre la relève à ce moment-là, mais à la fin de mes études universitaires, lorsque mon père s’est retrouvé soudainement sans gérant de couvoir et qu’il m’a demandé mon aide temporairement, j’ai dit oui! Et mon engagement temporaire a duré… 21 ans! » Christine a appris énormément pendant toutes ses années et elle a aussi donné naissance à trois enfants, ce qui en soit est une occupation qui remplit le quotidien. Elle s’est aussi impliquée à différents niveaux dans plusieurs comités agricoles faisant d’elle une agricultrice aguerrie. « Les femmes ne sont pas nombreuses sur les comités d’agriculteurs et c’est dommage, leur vision serait un atout! J’encourage toutes les femmes agricultrices à accéder aux lieux de pouvoir. »
En 2013, la maman de Christine décède et c’est un coup dur. L’année suivante, Christine sent le besoin de se ressourcer et décide de prendre une année sabbatique. Elle, son conjoint, Dominique Barabé, complice de toujours, et leurs trois enfants partent pour la Gaspésie pour un an. Au bout de cette période d’un an, la Gaspésie ayant fait son effet, la petite famille ne veut plus repartir! Avec la décision de rester en Gaspésie est né le projet d’érablière. « Je voyais cette merveilleuse forêt en bord de mer, inexploitée alors que j’y voyais pourtant un énorme potentiel. Une amie m’a parlé d’obtenir un quota d’exploitation sur les terres publiques, dans le cadre des émissions de contingent des PPAQ et ça nous a tenté! J’ai monté le projet
et ça a marché! À l’été 2017, notre projet s’est confirmé. Dominique et moi, mais nous partions de loin! Avec du recul, je dirais qu’on avait une belle naïveté! Sur notre coin de terre, il n’y avait pas de chemin, pas de pont, pas de cabane et je n’avais jamais fait de sirop de ma vie! C’est dire le travail acharné que ça a pris pour arriver en 2018 avec une première saison de production avec 10 000 entailles! Je dois absolument mentionner l’aide de Claude Fecteau, un expert de CDL qui nous a accompagnés de conseils judicieux, tout au long de notre projet. Il a été un véritable mentor. Sans Claude, nous n’y serions jamais arrivés! Tout notre équipement depuis le début vient de CDL. La succursale la plus près est celle de Saint-Quentin, à quatre heures de route d’ici, alors nous tenons beaucoup de pièces en inventaire au cas où! Claude Fecteau a maintenant pris sa retraite et c’est Michaël Boucher qui est notre représentant CDL. C’est important d’être bien accompagnés. »
Christine et son conjoint, Dominique Barabé
Christine et Dominique ont atteint leur objectif de 20 000 entailles, en fait, ils en ont 20 820 au total cette année. Leur fils, Thomas-Louis travaille avec eux dans l’entreprise familiale et leur fille, Béatrice, aide aussi à temps partiel bien qu’adulte maintenant, elle travaille à temps plein à l’extérieur. Marie-Lili, maintenant à l’université, a contribué au succès de la fabrication des produits de l’érable pendant les saisons touristiques prépandémie. Le kiosque de produits sur le bord de la 132 n’a plus de secret pour elle! L’érablière embauche deux personnes à temps plein pendant la période des sucres, et ce, depuis déjà six ans. Si la première année a été difficile, 2018 a été la pire année en Gaspésie pour tous les acériculteurs, les années suivantes ont été plus fastes et Christine a bon espoir que les succès à venir seront au rendez-vous.
En 2019, avant la pandémie, l ’érablière était ouverte aux visiteurs et Christine a beaucoup apprécié tous ceux venus d’Europe, très intéressés à connaître les artisans de l’érable et leurs produits. Lorsque les voyages en provenance d’Europe reprendront pour la peine, ce qui n’est pas encore le cas, l’érablière ouvrira à nouveau ses portes aux visiteurs. En attendant, plusieurs projets mijotent. Christine attend l’émission de quota pour deux projets totalisant 16 000 entailles et prévoit l’aménagement d’une station de chargement pour l’eau. Il est prévu qu’en 2025, c’est le concentré qui sera transporté et non l’eau!
Christine est très reconnaissante de toute l’aide reçue de quelques retraité(e)s de son coin de pays. « Ils sont extrêmement dévoués et leur aide est tellement précieuse! Par exemple, je trouve extraordinaire que lorsqu’on bouille tard, une voisine retraitée a la gentillesse de nous préparer un souper! D’ailleurs, je pense qu’une installation comme la nôtre dans la région représente plus qu’une simple érablière, c’est un projet social qui resserre les liens de notre petit village. Je suis très fière du travail que nous avons accompli dans les dernières années et la médaille de bronze du concours de la Grande Sève de la Commanderie de l’Érable cette année vient confirmer toute ma fierté. C’est le résultat d’une somme colossale de travail et tous ceux qui nous ont aidés à y arriver partagent cette médaille avec nous. »
Vue extérieure de l’érablière
Il faut entendre Christine parler de l’érable pour partager son engouement. « Quand on y pense, l’érable produit de l’eau alors que l’eau devient de plus en plus rare partout sur notre planète. Les polyphénols qu’on trouve dans le sirop d’érable sont reconnus comme des ingrédients santé et de plus en plus d’effets bénéfiques sont découverts chaque jour. La consommation de sucre raffiné est progressivement remplacée par des produits naturels comme le sirop d’érable. Le Québec doit absolument reconnaître tous les atouts de cette extraordinaire ressource unique au monde, la mettre en valeur, et avant tout la PROTÉGER »
CDL est extrêmement fier d’avoir une acéricultrice de la trempe de Christine Côté comme cliente. Bravo Christine. CDL continuera d’être à vos côtés pour la suite de vos projets.